Déménagement du camping international du Sierroz, au bord du lac, sur la décharge du Viviers du lac ?

Camping du Sierroz et projet de camping à Pugny : une petite mise au point s’impose

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Dans son entretien accordé récemment à l’Essor Savoyard (lire l’édition du 23 octobre), Dominique Dord n’a pas manqué d’évoquer son projet de création d’un grand camping 4* sur Pugny. Ainsi que l’avenir du camping du Sierroz. Les propos tenus par le député-maire méritent une réaction.

Extrait Essor Savoyard 23 oct. 2014

Extrait Essor Savoyard 23 oct. 2014

Concernant l’avenir du camping du Sierroz, Dominique Dord a déclaré « Les détracteurs connaissent mal la réalité. On a encore réinvesti cette année avec de nouveaux bungalows, donc ce n’est pas pour le supprimer. On avait eu cette idée il y a plusieurs années mais on lui a tourné le dos depuis longtemps » (sic, voir ci-contre extrait de l’article de l’Essor).

On peut tout d’abord faire remarquer que l’achat de nouveaux bungalows supplémentaires ne constitue en rien un gage de pérennité pour le camping du Sierroz. D’une part ces équipements ont une durée d’amortissement assez courte. D’autre part, étant par nature mobiles, ils peuvent facilement être revendus d’occasion à un autre camping. Comme par exemple celui que Dominique Dord veut absolument créer à Pugny.

Par ailleurs, parler d’une « idée » à propos de la suppression du camping du Sierroz est, au mieux, un abus de langage. Bien plus qu’une idée, il s’agissait bel et bien d’un projet. Comme en atteste le plan initial de la ZAC des bords du lac. Sur lequel on voit clairement que le camping du Sierroz est remplacé par des immeubles (cercle rouge dans l’image ci-dessous). Un projet en partie mis en œuvre puisqu’en 2007, Dominique Dord et ses acolytes ont acté la suppression d’environ un tiers des emplacements du camping du Sierroz. La surface correspondante ayant servi à créer une nouvelle rue pour desservir les immeubles de la ZAC.

Le plan initial de la ZAC des bords du lac, approuvé par Dord et Frugier. A la place du camping du Sierroz (cercle rouge), des immeubles !

Le plan initial de la ZAC des bords du lac, approuvé par Dord et Frugier.
A la place du camping du Sierroz (cercle rouge), des immeubles !

Si depuis le reste du camping n’a pas disparu, c’est en premier lieu parce que la CALB n’est toujours pas parvenue à trouver une commune prête à accueillir son grand camping d’agglomération, destiné à la remplacer. Saint-Innocent, Grésy, le Vivier-du-Lac, Drumettaz, toutes ont envoyé le député-maire-président planter ses piquets de tente ailleurs. Et si les élus de Pugny semblent favorables à l’idée d’implanter ce grand camping sur le territoire de leur commune, il n’en va pas de même des habitants. La mobilisation contre ce projet (cette idée ?) est forte. Et sans une habile mise en sommeil du dossier en période pré-électorale, il est fort probable que le maire de Pugny n’aurait pas été réélu en mars dernier. Et que Dord aurait alors trouvé face à lui une nouvelle municipalité, aussi opposée au projet que peuvent l’être nombre de pugnerains.

Où sont les équipements publics promis ?

En 2006, dans une lettre adressée au préfet pour motiver la demande de déclaration d’utilité publique de la ZAC, Dominique Dord arguait que celle-ci permettrait de développer deséquipements publics, une urbanisation adaptée aux besoins de logements ainsi qu’àl’évolution des pratiques touristiques (voir extrait ci-dessous).

Extrait du courrier adressé par Dord au préfet le 6 mars 2006.

Extrait du courrier adressé par Dord au préfet le 6 mars 2006.

Huit années plus tard, le constat est sans appel. Si l’on excepte la nouvelle rue, qui n’a de sens que parce qu’il y a eu de nouveaux immeubles, on cherche encore les équipements publics promis en 2006. Quant aux besoins de logements, les projets immobiliers qui ont vu le jour répondent à ceux d’une petite minorité de la population. Vendus entre 3.500 et 4.500 euros le m², les appartements des résidences de la ZAC sont réservés à moins de 20% de la population. Faut-il rappeler que 82% de la population active perçoit un salaire proche du SMIC ? Pour ce qui concerne les quelques logements sociaux aménagés sur le site de la ZAC, ils n’ont répondu qu’à un seul besoin : reloger les habitants des tours de Lafin, détruites (300 logements sociaux supprimés).

Enfin, c’est le vide sidéral du côté des nouveaux équipements adaptés à l’évolution des pratiques touristiques. Puisqu’à ce jour, la ZAC ne comporte aucun équipement touristique. Exception faite du camping du Sierroz, amputé du tiers de sa surface. Et qui doit sans doute sa survie en grande partie à la crise de 2008. Qui a refroidi les ardeurs des promoteurs. Les autres terrains de la ZAC peinent à trouver preneur. Alors vous imaginez bien que les promoteurs se précipitent encore moins sur celui du camping du Sierroz. Pas la peine d’ajouter au risque d’appartements qui se vendent mal, le risque d’une fronde populaire contre la disparition du camping municipal.

Les 15 hectares étaient sous leur nez

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Extrait Essor Savoyard 23 oct. 2014

Toujours dans le même entretien avec l’Essor Savoyard, Dominique Dord enfile sa casquette de VRP pour mieux vendre son idée de création d’un grand camping d’agglomération.

Et pour justifier du choix du terrain de Pugny, le président de la CALB avance un argument massu : « Dans notre agglomération, un espace de 15 hectares, disponible, accessible, il n’y en a qu’un. » (sic, voir extrait ci-dessus).

Et là, impossible de faire autrement que de se projeter en arrière. Direction le milieu des années 2000. Quand l’idée de la ZAC des bords du lac est née. Quand son initiateur a écrit au préfet pour lui demander de déclarer cette idée comme étant d’utilité publique, en arguant qu’elle allait permettre une urbanisation adaptée à l’évolution des pratiques touristiques. A cette époque, les terrains de la future ZAC hésitaient entre terrains vagues et friches maraichères. Agrémentés de ci de là de quelques épaves de voitures. Ils étaient libres et accessibles. Ils étaient, et sont toujours, proches des pôles d’attraction touristiques : lac, ports, restaurants, piscine. Et à portée de vélo et de pieds du centre ville. Ils mesuraient, et mesurent toujours … 15 hectares. Amusant non ?

 

L'info en +

Pour en terminer avec le projet de grand camping et l’interview de Dord dans l’Essor, penchons-nous sur cet ultime argument du grand manitou de la CALB : il ne viendrait à l’idée de personne de contester l’implantation d’une entreprise dans une zone industrielle parce qu’elle serait créatrice d'emploi. Quel rapport avec la choucroute ? Si l’on veut conserver l’analogie faite par Dord, ce que les habitants contestent dans le cas du camping de Pugny, ce n’est pas l’implantation d’une entreprise dans une zone industrielle, mais la création de la zone industrielle elle-même. Ce n’est tout de même pas la même chose !

On peut ajouter qu’en matière de promesse de création d'emplois, les aixois en ont déjà entendu des vertes et des pas mûres de la part de leur député-maire. Ainsi, ils attendent encore et toujours les 150 emplois nouveaux qui devaient découler de la vente à bas prix de 3 hectares de terrains municipaux en bordure du bois Vidal. C’était en 2001. Treize années plus tard, toujours rien. Pas le moindre emploi nouveau en vue.

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